Tu as couru fort et loin. Maintenant, il faut revenir. Il y a un avant. L’entraînement, la montée en puissance.
Les réveils à 6h, le plan sur le frigo, l’effort, les progrès, les jambes lourdes.
Tu as tout donné. Kilomètre après kilomètre, tu t’es rapproché d’un but.
Et un jour, tu as franchi la ligne. Tu as explosé. Tu as volé. Tu as pleuré, peut-être, ou pas.
Et maintenant, le calme. Trop calme. Qui dérange. Le téléphone vibre moins. Le groupe WhatsApp est silencieux.
Ton corps réclame du repos. Ton esprit ne sait plus quoi faire de lui-même.
Tu t’attendais à de la paix. Tu trouves un vide.
Bienvenue dans la dépression d’après-course.
Ce n’est pas une chute. C’est un déplacement.
Un espace dans lequel beaucoup de runners entrent, mais que peu osent nommer.
Courir un marathon, c’est vivre en rythme.
Chaque jour avait un sens. Chaque repas, chaque sortie, chaque étirement faisait partie d’un tout.
Maintenant que la course est finie, l’urgence s’efface.
Ton corps est perdu.
Il est vidé. Il récupère. Il attend.
Mais l’absence de mouvement l’agite.
Tu es à la fois épuisé et nerveux.
Tu n’es plus dans l’action, pas encore dans le repos.
Tu es entre deux tempos.
Ce que tu ressens n’est pas de la faiblesse.
C’est une conséquence naturelle de l’intensité.
Ton cerveau s’était habitué à la dopamine, aux endorphines, à l’élan quotidien.
Maintenant, tout a disparu. Pas parce que tu as échoué mais parce que tu as touché quelque chose de fort.
Tu as touché un sens. Et maintenant tu redescends. C’est normal que ça fasse mal.
Et puis, il y a le silence.
Celui qui suit le bruit.
Plus de “alors, prêt pour dimanche ?”
Plus de compte à rebours. Juste l’écho.
Ne fuis pas cet espace.
Habite-le. Laisse-le te transformer.
Quelques pensées, sans pression :
Laisse le calme faire son travail.
Ne te précipite pas vers un nouveau 10 km. Le repos est une forme de respect.
Choisis une direction, pas une punition.
Quand l’envie reviendra, vise un nouveau but. Pas forcément plus grand juste différent.
Reconnecte-toi.
Aux gens. À la nature. À toi-même. Même sans courir.
Marche. Respire. Sois là. Sans chrono.
Célèbre.
Repasse la course dans ta tête. Rouvre ton carnet d’entraînement. Écris ce que tu as ressenti.
Ne saute pas ton histoire.
On ne parle pas assez de cet espace.
Là où tout est derrière toi, mais rien n’est terminé.
Là où tu flottes entre fatigue et renaissance.
Là où tu ne cours plus, mais tu avances encore.
C’est ici que tout recommence.